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GR20

L'Hérault en canoë

Trek au Kirghizistan 

Stage de survie au Panama

  • Le GR20 en autonomie  

          Le GR20 est un mythe dans le monde de la randonnée. En effet, le terrain corse fait partit des terrains les moins praticables du monde de par ses paysages montagneux. Celui-ci possède des caractéristiques très particulières. Il est considéré d’irrégulier, de chaotique en grande partie à cause de ses nombreuses dalles, du soleil omniprésent qui ébloui la plupart du temps, des ses nombreuse crêtes très rocailleuses, etc. Le sol est presque tout le long du parcours recouvert de roche et la terre est très rarement apparente. 

Bref, même si l’altitude est raisonnable (au maximum 2700 mètres), le terrain montagneux trouvé en Corse est souvent comparé à celui des terrains montagneux français d’une hauteur de 3000 ou 4000 mètres d’altitude dans les Alpes (glaciers mis à part).

Par conséquent, certaines aptitudes sont nécessaires pour arpenter un tel terrain en sécurité. Il faut :

- Avoir de bonnes articulations, préparées pour d’éventuels chocs, torsions, etc.

- Avoir une bonne lecture du terrain,

- Avoir une excellente gestion de l’équilibre puisque elle est en permanence perturbée par le poids du sac sur des terrains très rocailleux.

- Avoir un tonus musculaire suffisant pour gravir de grandes marches et pour amortir les chocs en descente par exemple.

GR20
  • Ma préparation Physique :

 

Pour préparer ce trek, je me suis énormément entrainé en faisant du handball (mon sport de prédilection) à raison de deux entrainements par semaine et un match par weekend. Je me suis en parallèle mis à la course à pied dans l’objectif de préparer mon cardio et mes articulations. Cependant, j’ai vite compris que cet entrainement n’était pas assez intense. C’est pourquoi j’ai décidé d’augmenter mon rythme pour arriver à 3 sorties de course à pied par semaine, du canoë à raison d’une fois par moi ainsi que du VTT à l’occasion.

  • Le matériel : 

Une préparation très rigoureuse à été nécessaire pour réaliser ce trek. En effet, pour partir cinq jours et réaliser 191.5 Km avec 12 340 m de dénivelé positif et 12 120 m de dénivelé négatif, j’ai dû réaliser un paquetage mini métré. Pour stocker tout cela, je me suis équipé d’un sac à dos « deuter » d’une capacité de 32 L pour un poids de 12,5 Kg.

Voici le détail de tout mon équipement :

 

- Mon équipement basés sur la méthode des trois couches ( tee-shirt manche courte evadict, doudoune, veste gortex) Bas, short evadict, leggin Cimalp, pantalon plus quechua, caleçon cimalp chaussette compression Cimalp, Chaussure trail  salomon / tête un buff qui sert de tour de cou et de casquette...

- Lampe frontale

- 2,5 L d’eau répartie sur deux gourdes plastique souple

- Un duvet valendré ultra light confort -10°c

- Un tarp et une couverture de survie pour la nuit

- Une popotte avec cuillères, thé, café, pierre à feu, réchaud MSR et du Gaz

- Un change pour la nuit (haut technique, caleçon…)

- Une trousse de soins pour les ampoules, les diarrhées, du dentifrice…

- Mes repas : environ 3000 calories par jour lyophilisés et des barres de céréales spécifiques.

- Une balise de détresse Spot 4 et un Power Bank.

 

Ce que je n’avais pas : des habits de rechange et ma consommation quotidienne d’eau (environ 6L).

  • Mon objectif : 

En temps normal le GR20 se fait sur 16 étapes, une étape correspondant à une journée de marche de 6 à 7h en moyenne avec 12km 1000md+ et 100m d- par jours. Pour un randonneur avec un niveau modéré, le parcours habituel est débuté par un petit déjeuné puis 3 heures de marches dans la matinée. Après la première marche, il mange puis repart pour 3 heures de marches avant d’arriver au refuge vers le milieu de l’après-midi. Le soir est généralement orchestré par un apéritif suivi d’un échange avec tous les randonneurs. 

  • Pour faire simple : 

Tout simplement pour le défi physique et le défi mentale. J’ai décidé de réaliser le GR20 en 5 jours, ce qui est un sacré défi puisqu’en général, à raison d’une étape par jour et de 7 heures de marche quotidienne, une personne lambda le réalise en moyenne au bout de 16 jours. Personnellement, j’ai prévu de tripler le nombre d’étape quotidienne en passant d’une seule en temps normal à 3 par jour puis 4 le dernier jour. Ce rythme a déjà été tenu par d’autres randonneurs mais très peu ont réussi à le réaliser en moins de 3 / 4 jours. Le record a été chronométré à 30 heures.

Pour ajouter un peu de piment à cette expérience, j’ai décidé d’effectuer ce trek en autonomie, c’est-à-dire sans aucun arrêt en refuge, ce qui est formellement interdit mais vu que la période était hors saison, je n’ai pas eu de problème.

Ce défi va donc être très intense et très compliqué. De ce fait, une grande probabilité d’échec est présente mais je me sens prêt à aller puiser dans mes limites autant physiques que mentales.

Départ direction la Corse :

J’ai décidé de prendre l’avion au dernier moment pour être sûr d’avoir une météo adéquate tout au long de mon trek. A l’arrivée, j’ai partagé mon taxi avec des randonneurs qui se rendaient également à Calenzana pour le départ du GR. Arrivé sur place, je me suis ravitaillé en gaz puisqu’il n’était pas possible d’en embarquer dans l’avion. A 12h, j’ai hésité à démarrer le parcours puisque mes jambes étaient chaudes ce qui m’aurait permis d’avoir une demie journée d’avance sur mon planning au cas où il y ait un quelconque problème. J’ai cogité durant un long moment mais décide finalement de rester le reste de la journée, jusqu’au lendemain, dans une chambre d’hôte très sympa afin de pouvoir me reposer et peaufiner mon tracé.

  • 1er jour :  Calenzana à Ascu stagnu

Je prends le départ de Calenzana vers 5h du matin, heure à laquelle il fait encore nuit noire. J’entame la montée à la frontale, je me sens bien, dans l’euphorie du départ et plus je monte plus j’aperçois de faisceaux de lumière ce qui signifie que je n’étais pas le seul à être parti. J’ai rapidement droit à mon premier levé de soleil à travers les montagnes corses, c’était extraordinaire. Le sentiment de liberté quand on est seul en haut d’une montagne, avec le soleil qui commence à traverser les montagnes, un vrai sentiment de bonheur ! Je continue de marcher jusqu’à terminer cette première étape au refuge d’Ortu, vers 9h. C’était le timing idéal. J’en ai profité pour me ravitailler en eau et je suis reparti rapidement sur la seconde étape. J’ai rencontré certains passages techniques mais aussi et surtout des points de vue incroyables. Je croise déjà quelques randonneurs, certains en solitaires et d’autres en groupe d’amis. J’arrive au refuge de Carozzu aux alentours de 13h en étant assez fatigué. Je me suis préparé un repas lyophilisé aux alentours du refuge quand je suis tombé tout à coup je vois quelqu’un équipé en ultra trail avec seulement un petit sac sur le dos de 5kg et ses bâtons. Je lui demande d’où il vient et il m’explique qu’il tente le GR20 en 5 jours et qu’il est parti ce même matin à 4h45 de Calenza. J’en ai déduit que c’était son faisceau lumineux que j’ai vu ce matin même… Il avait donc le même objectif que moi et on était à ce moment-là au même stade de l’aventure. On discute cinq minutes, je lui souhaite bon courage et il repart. J’avale mon repas et c’est reparti, plus qu’une étape de 8 km, 720 mètres de dénivelé positif et 950 mètres de dénivelé négatif. Au bout de deux heures, j’aperçois ce fameux John n°2 qui était entrain de se reposer à l’ombre car il faisait vraiment très chaud. On papote un petit moment et on décide de finir cette étape ensemble. Nous arrivons vers 17h30 à la station d’Asco, une station de ski avec des chambres, des douches, de quoi se ravitailler, etc. Mais comme mon objectif était de réaliser de GR20 en autonomie totale, je me suis éloigné du refuge pour installer mon tarp (une simple bâche qui tient à l’aide de mes bâtons de randonnée) et ma couverture de survie qui me servait de matelas. Je mange un gros repas de pâtes carbonaras lyophilisés qui représentait 1200 calories ainsi qu’un dessert lyophilisé. La nuit s’installe vite, j’en profite pour rassurer ma famille, pour faire le point sur la journée qui allait suivre et je me couche dans mon petit abri.

  • 2ème jour :  Ascu stagnu - Manganu

Cette nuit à été très compliquée puisqu’il a fait extrêmement froid, mon Tarp à givré. Ce fut une nuit très compliquée ! J’ai rejoint mon compagnon John à 5h00 pour démarrer une nouvelle étape. Le démarrage fut bien compliqué après cette nuit chaotique et le brouillard qui a rendu l’orientation assez complexe. Mon objectif était de passer par le cirque de la solitude mais ce lieu est caractérisé de dangereux en temps général. Il y a eu malheureusement des éboulis la veille : je décide donc de le contourner. Pour cela, on a dû crapahuter sur des rocher (ce qui se rapprochait plus de l’escalade que de la randonnée finalement). Une fois le soleil levé, la visibilité s’est améliorée. Nous en avons donc profité pour accélérer, cependant, quelques mètres plus loin, mon bâton en alu cède lors d’un petit saut… Énervé et n’ayant plus qu’un bâton pour continuer, je me concentre sur la suite de la marche. Mais une trentaine de minutes plus tard, mon deuxième bâton se tord sur une autre réception… N’ayant même pas terminé la monté du Monte Cinto, il me reste un bâton tordu en deux sans aucune possibilité de trouver un bout de bois pour m’aider à marcher puisqu’il n’y avait que de la roche à perte de vue autour de moi. Je me demande alors comment je vais pouvoir finir ce trek avec 12 kg sur le dos et la moitié d’un bâton. Avant d’arriver au sommet, on fera la rencontre de Fred le fou furieux qui nous a rattrapé. Un échange un timide bonjour et il passe devant nous avec une vitesse de dingue. J’ai fini cette journée avec mon unique bâton tordu ce qui est un véritable supplice avec le poids de mon équipement. Je demande à chaque refuge s’ils n’ont pas des bâtons de marche en vente même s’il est en mauvaise état mais il me faudra attendre le dernier refuge pour en trouver un à peu près potable. Il était entier mais s’enfonçait sur lui-même, c’est en tous les cas bien mieux que rien ! Après cette mésaventure, les étapes s’enchainent. On se suit toujours avec John n°2, lors des montées il se met devant moi pour me donner le rythme et vis versa sur le plat et les descentes. La troisième étape du jour est la plus longue du GR20 : une section de plus de 20 km avec un profit « plutôt plat » surtout sur la partie entre le col de Vergio et le lac de Nico.

Un des lieux magiques du GR20 avec des immenses plateaux de verdures très vastes et d’un vert étincelant parsemés de mini lacs. Ce paysage change du reste du parcours du GR20 qui est tout le reste du temps rocailleux.

Nous arrivons enfin au boute de la troisième étape du refuge de Manganu. On retrouvera Fred sur place, j’en profite donc pour me mettre à table avec eux mais mange tout de même mon chili con carne lyophilisé mais je craquerais quand même pour un coca, oups. En discutant avec notre nouvel ami « Fred le fou ;-) », on se rend compte des différentes difficultés et objectifs de chacun. On apprendra lors de ce repas qu’il y a un quatrième débile au nom de Corentin qui tente de faire le GR20 en 5 jours avec un sac équivalent au mien sauf que quand Fred l’a vu pour la dernière fois, il n’était vraiment pas bien. On décide de repartir avec John n°2 le lendemain à 5h mais des intempéries sont prévues donc Fred nous explique qu’il va attendre Corentin pour l’aider à repartir puisqu’il était vraiment en zone rouge la dernière fois qu’il a été vu (je précise que personne ne se connaissait avant). On se reverra dans la journée nous-a-t-il dit. Vu la vitesse où il avance, on n’en a pas le moindre doute. Ce soir-là, je me suis couché vers 21h après avoir tenté de réparer mon bâton avec du sparadrap donc je n’ai pas vu arriver Corentin. 

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  • 3ème jour :  Manganu - Vizzavona

Ce matin, le réveil a été difficile avec la pluie et la fatigue accumulée. On ne discute pas et on avance à la frontale, c’est une étape qui commence très fort avec une ascension vers la brèche de Capitellu. Avec la nuit, la brume et la pluie, il est difficile d’avancer vite et on ne peut pas se permettre de prendre de retard et en même temps, il y a des ravins un peu de partout donc il faut en même temps faire attention. Au bout d’une à deux heures, on peut voir deux lueurs nous rattraper dans la nuit donc on en profite pour ralentir un peu la cadence pour que Fred et Corentin nous rattrape. On continue à monter en formant deux binômes. Une fois arrivé au sommet, on se retrouve dans un énorme pierrier avec un gros orage qui nous oblige à nous mettre sous des pierres en attendant qu’il se calme. Fred nous apprend qu’il est vraiment effrayé par la foudre à cause de quelques mauvaises expériences, donc à la première accalmit, on décampe vite. On est trempé jusqu’au os mais heureux de ne plus avoir affaire à l’orage. Arrivé au deuxième refuge de la journée, on prendra un peu de temps pour se remettre de nos émotions et faire la connaissance de Corentin (22 ans), le plus jeune de cette nouvelle équipe. Nous sommes à présent en direction du refuge de l’Onda. John se plein de son genou et nous annonce que la météo est vraiment mauvaise avec de gros orages annoncés par intermittence. Il commence donc à se décourager pour la fin du parcours. Après une pause repas au refuge, on se remet en route pour Vizzanova, plus que 700m de dénivelé positif avant d’attaquer une grande descente de 1200 mètres négatifs. John en profite pour m’initier aux rudiments du trail, à comment s’alimenter et s’hydrater au bout de cinq heures d’effort. J’apprendrais vraiment beaucoup de choses durant ce trek. Cependant, malgré les cachets de Voltarène que j’ai donné à John, sa douleur s’amplifie dans la descente et commence à sérieusement à l’handicaper et il m’annonce que sa décision est déjà quasiment prise. Arrivé à Vizzavona, les gars avaient déjà réservé dans un refuge de la gare, je décide donc de squatter un dortoir avec Corentin pour garder la cohésion du groupe malgré mon objectif de le faire en autonomie totale qui soit dis en passant est une connerie puisque je me retrouve avec ce gros sac de 12 kg qui me brise les articulations alors que c’est bien plus facile de partir léger et de manger et dormir dans les refuges surtout à notre rythme de trois étapes par jour. Juste le temps de poser nos affaires et se rejoindre au restaurent de la gare pour boire une bière et manger un énorme plat de pâtes (ça fait vraiment du bien !). John nous annonce officiellement qu’il s’arrête ici à cause de son problème de genou : il se connait bien et ne veux pas risquer une blessure plus grave. Il a quand même bouclé la partie sud en trois jours. Cette partie dans les rochers restera de loin la plus difficile du GR20. De plus, comme Vizzanova est un endroit un peu civilisé et qu’il y a une gare, ça lui permettra de rentrer en train. Lorsque Fred à vu le temps annoncé (fortes pluies, orages, grêle…), il veut abandonner aussi car il craint vraiment les orages mais n’oubliez pas c’est vraiment un malade ! Je tente de contrôler la météo sur tous les sites mais la suite ne sent pas vraiment très bon. Je sens que Corentin est motivé à repartir le lendemain, Fred est vraiment très peu chaud donc je leur annonce que quoi qu’il arrive, demain martin je continu ce fichu GR20 en espérant que ça les motive. Devant le fait accompli, Corentin décide de nous suivre et Fred se tracassera toute la soirée pour venir nous réveiller à 23h et nous annoncer qu’il poursuit avec nous mais qu’il souhaite partir immédiatement pour avoir une chance d’éviter les orages. Cependant, on est trop fatigué pour poursuivre de suite. On décide donc de repartir le lendemain aux alentours de 5h du matin pour quand même avoir une chance d’éviter les orages. Fred viendra tout de même nous réveiller à 4h du matin pour nous dire : « les gars on part dans 5 minutes, c’est bon pour vous ? ». Je crois qu’il n’a pas dormi une minute et qu’il était entrain de péter un plomb d’impatience alors on accepte. Il voulait qu’on enchaine les six étapes d’une traite, je ne comprends pas pourquoi sur le coup mais j’apprendrais plus tard la raison !!! J’étais à ce stade vraiment très déçu d’avoir perdu John 2 car c’était devenu un très bon compagnon avec qui je m’entendais parfaitement. On apprendra plus tard que son abandon suite à sa douleur de genou s’avèrera être le syndrome de l’essui glace qui aurait pu s’aggraver sérieusement s’il avait continué. C’était pourtant un traileur très bien préparé, il venait en effet de faire le trail des templier (65km et 4500m de dénivelé) en 14 heures. Il a donc fait le bon choix de s’écouter et ne pas plus forcer par risque de se blesser bien plus sérieusement.

  • 4ème jour :  Vizzanova - Usciolu

Je suis un peu triste de ne pas être avec mon compatriote, mais malgré la météo on avale les kilomètres sur un gros rythme, à partir de vizzavonne, on passe officiellement sur le GR20 Sud. La première étape jusque Capanelle est relativement longue, plus de 15 km de marche et une belle grimpette sur un sentier !!! youpi, le paysage commence à changer, le GR passe sur des vrais chemins et c'est beaucoup moins accidenté. D'ailleurs, nous ferons beaucoup plus de kilomètres sur les deux derniers jours avec un nombre d'heures de marche. Physiquement je suis assez fatigué mais mon corps a pris le rythme des objectif étape par étape. On arrive à PRati vers 13h30 à la fin de la onzième étape. Nous avons ensuite un col à passer mais la météo est très mauvaise, il y a de gros orages violents mais on n’aura pas d’autre choix que de passer cette étape aujourd’hui car demain, nous devons déjà démarrer plus tôt que les autres jours et nous ne pourrons pas rajouter une étape supplémentaire. On décide de se reposer une ou deux heures en attendant un créneau qui nous permette de passer au travers des orages. Je n’arrive pas à dormir donc j’ai discuté avec le gardien. Vers 16h30 je réveille Corentin et Fred pour leur montrer le ciel qui présente une petite accalmie. On décide de partir pleine balle pour passer le col sans les orages. Nous avons réussi à le passer sans le moindre éclair mais on a eu à la place des vents violents, froids et de la grêle : que du bonheur. Avec la fatigue et le vent on est frigorifié alors on garde un rythme élevé pour arriver à Usciolu vers 20h. Une fois arrivé, Fred discute avec le gardien et apprend que ce dernier vient remplacer l’ancien qui est malheureusement décédé au courant de l’année. Cela fait un électrochoc à Fred qui le connaissait des années précédentes. Il nous fait dans la foulée une petite crise d’hypothermie donc on s’occupe de le mettre à l’abris et de le sécher. On nous accueille à bras ouverts dans la cuisine du refuge. Les gens nous prennent pour des extraterrestres lorsqu’on leur explique notre projet. On nous prépare à manger et du bon thé chaud, on se serait cru dans un restaurent étoilé ! Ces personnes nous installent au milieu des deux tables de la cuisine et tout le monde nous demande comment il est possible de réaliser 3 à 4 étapes par jour sur ce GR20 alors que tous les autres le réalisent en 14 jours. On leur rappel que le record est d’environ 30h, réalisé par de professionnels de trial et que nous, notre objectif est de 65h seulement en marchant.

On passe une super soirée, entouré de tous ces gens qui prennent soins de nous, malgré tout ça, il faut qu’on élabore un plan d’action pour le lendemain. Fred va mieux et connais bien le parcours, c’est pourquoi il nous préconise de démarrer à 3h pétantes. Durant ce séjour, on s’est bien marré parce que tout le monde nous a pris pour des fous furieux. Certains nous proposent même de nous préparer le thé à notre réveil ce qu’on a évidemment refusé. Il est maintenant l’heure de se coucher, impossible de vous dire l’heure vu qu’on s’est endormi d’un coup.

  • 5ème jour : Usciolu - Conca

Un départ très difficile puisqu’on se réveil à 2h30, on se brosse les dents et en avant en pleine nuit, à moitié endormi mais heureux car c’est la dernière journée. L’arrivée est prévue pour 19h00. 

La première section nous fait quitter la montagne pour passer sur le plateau de Cuscinunu pour rejoindre Matalza. On a les pieds trempés et l’orientation est très compliquée puisqu’on on n’y voit rien du tout malgré nos frontales. On doit très régulièrement rechercher le chemin à l’aide du GPS car on était vraiment fatigués. La journée va être très longue puisque nous avons à parcourir 50km avant d’arriver. Vers 9h00, nous arrivons à Asinau et nous rêvions d’un bon coca. J’ai dépanné les copains hier avec mes repas lyophilisés mais je n’en avais pas assez pour les dépanner aujourd’hui. Le mec du refuge ne veux pas nous servir quoi que ce soit puisqu’on ne dort pas chez lui ce soir. On a beau lui expliquer qu’on fait le GR20 en 5 jours et qu’on ne peut pas dormir à tous les refuges, il s’en fou. Le gardien d’Usciolu nous avait prévenu qu’il n’était pas très commode mais tant pis, on a encore la force de se battre. On avance maintenant en direction de la magnifique variante des aiguilles de Bavella. Je commence à mon tour à avoir vraiment mal au genou malgré des jambes en pleine forme. Cette partie-là nous rappelle le nord avec tous ces cailloux à perte de vue. Le panorama est tout simplement extraordinaire. En arrivant à Bavella, il y a maintenant beaucoup trop de monde pour nous mais on décide de faire une pause de deux heures pour récupérer avant la dernière étape où les Pietra nous attendant ;-) Mon genou me lance déjà au tout début de l’étape, j’essaie donc de compenser avec mon autre jambe mais rien à faire, j’ai vraiment mal. Le problème est que je n’ai plus de Voltarène puisque je les aie données à John lors de la première étape. Tant pis, je prends à la place deux dolipranes. J’aurais très mal durant la totalité de l’étape mais on arrivera tout de même à Conca pour 19h00, enfin soulagé et heureux d’avoir réussi cet incroyable défi, je me fais d’un coup submerger par une immense vague de joie… Après avoir repris nos esprits, on se rend dans l’auberge officielle de Conca pour prendre un bon repas et une bonne bière. Nous préparons aussi le transfert vers l’aéroport de demain matin. Je prendrais une bonne douche, au bout de cinq jours qui fait énormément de bien. Le problème est que pour une question de poids, je n’ai prévu aucun rechange pour le lendemain. Vous devinez la suite. J’ai dû remettre mes habits sales pour prendre l’avion. Pas besoin de vous expliquer, je pleins vraiment mes voisins de vol dans l’avion….

 

Une fois arrivé à la maison, j’enlève mes chaussettes et à ce moment-là, mes chevilles se mettent à tripler de volume. J’appelle immédiatement mon médecin qui m’explique que mon cœur est encore programmé pour alimenter mes organes soumis à rude épreuve pendant le GR20 et que l’arrêt à été trop brutal. Il me conseille de remettre mes chaussures demain matin et d’aller marcher. Le lendemain, j’irai aussi faire du vélo pour réduire le rythme tranquillement. Au bout de trois jours, je n’arrive même plus à déplier ma jambe car mon genou se bloque. Après plusieurs examens radio, éco, IRM et consultations d’une spécialiste du genou, j’apprend que j’ai deux fractures liées à l’effort intense, une fracture de la malléole gauche à cause des coups à répétition des cailloux à cause du fait que j’étais en chaussure de trail. Enfin, j’apprends que j’ai une autre fracture de fatigue au niveau du ménisque droit ainsi qu’une grosse inflammation des tendons des tendons. Il va falloir de la rééducation...

Mais aujourd'hui tout va bien :-)

           

Canoë
  • L'Hérault en Canoë

L’Hérault est un fleuve côtier du sud de la France situé dans la région d’Occitanie, il prend sa source au mont Aigoual puis traverses les départements du Gard et de l'Hérault, pour finir sa course dans la Mer Méditerranée après un parcours de 148km.

J’ai souhaité faire cette expédition en solitaire pour vivre une aventure exceptionnelle, et travailler mon mental, j’ai déjà fait plusieurs fois des descentes en canoë sur l’Ardèche et le Gardon. Pour se faire je vais utiliser un canoë insubmersible de 21 kg à vide, une pagaie en carbone, un tonneau étanche et un sac étanche pour mettre tout le matériel nécessaire : (hamac, duvet light, popotte, réchaud lyophilisé…). 

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Jour 1 : sources de l’hérault - (un peu plus loin que pont d’Hérault)

 

J’ai décidé de débuter cette aventure à Valleraugue, un village cévenole situé à 294 m d’altitude situé au pieds du Mont Aigoual. Il va falloir grimper les 1300m de dénivelé positif par la fameuse randonnée des 4000 marches (une des randonnées les plus connues de la région qui mène à l’observatoire météorologique du Mont Aigoual). Pour m’accompagner dans le canyon qui va descendre du mont Aigoual à Valleraugue j’ai été accompagné de Mika, un passionné de canyoning pour assurer ma sécurité. Nous serons équipés de deux gros sac à dos qui nous permettent de transporter les cordes, combinaison, baudrier …. La montée nous prendra 2h30 min de marche sur un bon rythme. Arrivée en haut, on avale un sandwich en 5 min, on s’équipe de nos combinaisons et baudrier puis on entame la descente, sur les premiers mètres il n’y avait pas d’eau. Il faudra parcourir environ 300m pour atteindre l’endroit où la source de l’Hérault. À partir de là, on commence à évoluer dans de belles vasques, il y a pas mal d’eau car il a beaucoup plu la semaine d’avant. La progression est lente car on doit régulièrement faire des descentes en rappel en s’attachant autour des arbres ou des rochers car le canyon n’est pas équipé. En revanche, l’endroit est ultra sauvage, c’est magnifique. Pour descendre les 1400m de dénivelé négatif on fera une dizaine de rappel et quelques sauts, je m’éclate vraiment mais je suis déjà inquiet de l’heure je n’avais pas réalisé qu’on mettrait autant de temps. On arrivera à Valleraugue aux alentours de 16h30, on récupère mon canoë dans le camion et Mika repart avec mon véhicule et moi j’attaque la descente. Je comptais attaquer la navigation à midi, envoyer du lourd et finir dans la nuit.

Dès le premier kilomètre je dois affronter la première grosse cascade. Je vais devoir me débrouiller à faire descendre mon canoë en rappel, mais la corde que je prépare n’est pas assez longue oups !!! Il faut que je me concentre, ça fait déjà 8 heures que je suis dans l’effort physique. Je prends ma grande corde, trouve un point fixe pour faire un tour mort et je fais descendre mon canoë. A présent, il faut que je l’escalade. Je poursuis ma descente, les premiers kilomètre, il n’y a pas assez d’eau, je dois souvent descendre du canoë ce qui me fait perdre beaucoup trop de temps. Du coup, je décide d’éviter de descendre de l’embarcation, mais à la place je dois mettre des gros coups de reins pour faire avancer mon canoë sur les cailloux, c’est épuisant...  Sur un passage étroit de faible profondeur je me retourne et en me remettant debout, le canoë viens me percuter et coincer mon tibia contre un rocher. Il est perpendiculaire au courant. J’essaie de forcer pour le replacer mais ça me broie de plus en plus fort le tibia, alors de rage je force comme un dingue et arrive à me décoincer. Heureusement que je n’étais pas sous l’eau ! Il va falloir dorénavant être plus prudent. Le jour commence à se coucher et je suis encore un peu loin du point de bivouac que j’avais imaginé. Il va falloir continuer de nuit, j’y vois de moins en moins bien et je commence à avoir vraiment froid mais il faut que je continue pour ne pas prendre trop de retard. Il fait maintenant nuit noire, mon cerveau est en mode autiste : avancer, avancer, avancer, sans réfléchir. Une petite pluie se met à tomber et le ciel est chargé, il commence à y avoir de l’orage du coup, je détermine de moins en moins le relief : j’ai parfois l’impression que je monte alors que je descends. Les éclaires sont de plus en plus fréquentes et proches de moi. Ça devient trop dangereux… Il est 22h30 et je décide de m’arrêter sur une plage de sable. Je suis exténué car ça fait plus de 13H00 que j’ai débuté cette expédition. Il faut que je trouve deux arbres pour monter mon hamac, après je pourrais me faire un plat lyophilisé. Lors cette première journée, j’étais tellement à fond dans l’effort que j’ai oublié de m’hydrater. J’ai eu beaucoup de mal à m’alimenter le lendemain. Je serais intransigeant et mettrai un protocole en place : 0.5L d’eau chaque heure ce qui me fera environs 6L sur la journée avec la chaleur et le fait que je me déshydrate plus vite au contact de l’eau je pense que ce sera un bon compromis.

Jour 2 : Pont d’hérault- après st Guilhem

Je me réveille à 4h30, j’ai plutôt bien dormi dans mon hamac avec aucun bruit à l’horizon : le top. Il faisait très froid et j’ai eu beaucoup de mal à me réchauffer. Je me prépare 1l de thé bouillant et déjeune des flocons d’avoine avec des fruit sec pour prendre des calories et remettre la machine en route, ça va mieux. En revanche, j’ai les abdos en feux à cause des milliers de coups de reins que j’ai dû mettre. J’embarque à 5h15, il fait encore nuit, le levé du jour se fait lentement sur cette partie de l’Hérault encore sauvage, c’est magnifique avec la brume à fleur de l’eau. Je tente de récupérer mon retard accumulé la veille : je pagaie à fond. Je suis tellement heureux avec ce beau soleil dans une ambiance de solitude et les oiseaux qui m’accompagne. L’impression d’isolement et de terre sauvage est frappante : ça donne du courage. Je poursuis ma descente en direction des gorges de l’Hérault à Ganges.

 

De jolis rapides s’enchainent, je me fatigue bien moins qu’hier, pas besoin de donner des coups de reins chaque 30 secondes. Juste avant Ganges, la fameuse glissière m’annonce le début des gorges de l’Hérault. La Vis (sublime rivière), se jette maintenant dans l’Hérault, le niveau d’eau va être nettement meilleur. A Laroque, on passe le barrage incliné et on attaque la descente classique des Gorges de l’Hérault, il n’y a pas vraiment de difficulté majeure, mais je me fais bien plaisir dans le rapide du S. Le temps est ensoleillé, je commence même à avoir très chaud. Aujourd’hui j’ai décidé de boire chaque 30 min 0.5L d’eau pour ne pas commettre la même erreur qu’hier et finir déshydrater. Au total, sur toute la journée, cela me fera environ 6 à 7L d’eau vu la température, je pense que ce sera un bon ratio. Arrivé à St Bauzille de Putois, dans l’Hérault, les gorges sont maintenant terminées, elles sont vraiment très belles avec les falaises qui surplombent la rivière, c’est de toute beauté. Malgré la route des gorges en surplomb je suis seul au monde, la rivière est à moi !!! Avec ce départ matinal et l’effort fournis ce matin j’ai rattrapé mon retard mais attention, il va falloir garder ce bon rythme.

 

Sur cette partie, l’isolement est total, c’est le bonheur. La végétation des berges est luxuriante, on ne se croirait pas aussi prêt de Montpellier. Nous passons sous le magnifique pont de Saint-Etienne d’Issenssac puis je passe les confluences de La Buèges et du Lamalou très connues des pêcheurs pour la pêche à la carpe et au carnassier. J’aurais même la chance de croiser quelques tortues qui prennent un bain de soleil avant de me confronter au grand Barrage Bertrand au niveau du Causse de la Selle. Il doit faire 25m de haut, il est donc infranchissable. Je croise un pêcheur en floatube (sorte de bouée flottable) qui me dit que la seule option est sur la rive droite mais en m’approchant je constate que le passage sur le côté du barrage est vraiment trop dangereux en solitaire c’est très glissant et le débit d’eau est important, il faudrait être plusieurs pour se sécuriser avec des cordes. Je fais demi- tour pour voir s’il n’y a pas un passage sur la rive gauche. En sortant le canoé et en passant par la terre ferme, je débarque et explore rapidement le coin qui est strictement interdit au public car c’est un gros ouvrage hydroélectrique : le plus gros de l’hérault. Tout est grillagé et fermé à clef, je pense que je vais quand même pouvoir passer par-dessus un portail à un endroit en faisant passer mon canoë avec des cordes, je vais prendre du retard environs 2 h, mais le passage rive droite est vraiment trop risqué. Je redescends prendre mon canoë, j’avais remarqué que le pêcheur me surveillait pendant que je cherchais un passage. Je repars à sa rencontre et lui demande s’il connait un passage côté Ouvrage. Il n’est pas très bavard. En insistant un peu, j’apprends qu’il est responsable de ce site, je force donc le destin pour qu’il m’ouvre les portes de la sortie… au début il ne veut pas et me dit que c’est interdit à toute personne non habilitée blabla…. En faisant le mec relou, au bout de quelque minute, il accepte de m’ouvrir. MERCI. Arrivée à la route je dois faire un détour d’environ 1 kilomètre pour aller en bas du barrage et continuer ma descente, heureusement j’avais prévu un système de sangle avec des cordes et des lanières de sac à dos que j’ai coupé pour éviter de me découper les épaules.

Je prends le canoë sur mon dos comme un sac à dos et en avant parce que j’ai assez perdu de temps. L’ensemble est lourd, près d’une quarantaine de kilos, ça me cisaille les épaules mais ça passe. En contrebas il y a une mise à l’eau avec une base nautique. Je m’engage sur le chemin pour aller à la rencontre du personnel et là un GROS con (le chef de base) arrive comme un malade sur son quad. Je n’ai pas le temps de lui expliquer qu’il m’expédie de sa propriété « privé » : pas payé, pas d’accès. Je n’ai même pas le temps et l’Energie de m’énerver. Je fais demi-tour et passe sur l’autre rive à 500m pour aller jusqu’à un accès public où sont tous les clubs qui viennent se mettre à l’eau pour leur client. En papotant rapidement avec les personnes sur place (car oui avec mon canoë sur le dos les gens sont curieux). J’apprends que je suis tombé sur le vieux con du coin qui n’aime personne. Bref pas le temps de me morfondre, j’essaie de glaner des informations sur la partie qui m’inquiète le plus ; Les Gorges de Saint Guilhem-le Désert. Malheureusement même les salariés des clubs de canoë qui sont là, ne connaissent pas bien cette partie puisqu’ils ne l’ont jamais faite mais savent qu’elle est très dangereuse et me souhaitent bon courage ! Ce n’est pas très engageant. Je m’étais renseigné à fond sur cet endroit ; les infos que j’avais trouvé étaient assez rare et tout le monde disait que tout dépendait du débit d’eau et à ce moment-là, il était assez fort puisqu’il avait pas mal plu la semaine d’avant. J’ai une paire de kilomètre à faire au calme. Cette partie est exploitée par les agences de canoë de la région et s’arrêtent un petit kilomètre avant le barrage de saint guillhem. Justement, à l’endroit où les personnes s’arrêtent, j’interpelle encore un employé, mais il ne connaît pas non plus ce secteur et il me dit fait vraiment gaffe au rapide de la Machine à laver il est connu pour être extrêmement dangereux. Mon cerveau et vraiment dans le brouillard, je ne sais pas quoi faire, je me pose 5 min sur une plage de galet à 200m du barrage, je dois prendre une décision, j’appelle ma femme et l’informe que je dois passer un passage très difficile et que si je ne la rappelle pas dans 2 heures il faudra quelle Alerte les Secours, elle n’est pas rassurée… C’est bon je suis chaud, je tremble d’adrénaline mais j’y vais, je monte sur le barrage pour trouver un passage. C’est bouillant ! Le seul moyen est de descendre le canoë en rappel et moi de déscalader. J’attache toute mes cordes car c’est haut est long. Il ressemble à une sorte de toboggan géant, en bas dans les gorges, les gens qui profite de la baignade me regardent tous. Il y en a même qui me proposent de laisser glisser mon embarcation et de me la récupérer en bas. L’idée est bonne mais j’ai peur qu’il prenne trop de vitesse et qu’il s’explose à l’arrivée. Je ne veux pas prendre le risque de stopper mon expédition. Une fois sur mon canoë l’adrénaline qui avait disparu le temps de passer ce bel ouvrage reviens au galop. Le public LOL me demande « qu’est que tu fou la ? »  J’explique rapidement mon aventure, ils adorent et m’encouragent. Ils m’applaudissent et de nouveau, j’entends :  « fais attention à toi dans la machine à laver !!! ». Trop tard maintenant que je suis dans les Gorges je ne peux plus faire machine Arrière !

 

Pour la petite histoire j’avais trouvé des infos sur ce rapide appelé la machine à laver. Pour faire simple, s’il est trop puissant et que vous tombez vous êtes pris dans te tambour et vous tournez comme dans une machine à laver jusqu’à vous noyer ou à être éjecter avec un peu de chance. Moi je me disais qu’avec mon canoë insubmersible il ne pouvait rien m’arriver. En plus, j’avais une combi et un gilet, sauf que je me suis rendu compte sur les kilomètres que dès qu’un rapide était un peu trop puissant le canoë coulait par le poids de l’eau passant par-dessus refaisait surface après. Voilà pourquoi il est insubmersible. Ce qui veut dire qu’il y a de grandes chances que je tombe dans ce rapide. J’apprendrais que lorsque les spécialistes font ce rapide ils font toujours en fonction du débit d’eau. Une personne se met sur les rochers, attaché avec une corde équipée de masque, palme et combi et plonge si le kayakiste tombe à l’eu pour l’en sortir.

 

J’avance dans les gorges, c’est magnifique ! J’entends au loin le premier rapide, le plus petit de la série. C’est parti, c’est le plus violent que j’ai affronté jusque maintenant. Avec l’expérience acquisse le long de cette descente, j’arrive à passer sans tomber, un vrai régal, mais j’ai peur de ce qui va arriver dans 2 kilomètres. J’ai un moment de calme dans les Gorges, c’est absolument sauvage et magnifique. Je suis en contrebas du village de Saint Guilhem le désert, Classé Plus beau village de France… J’aperçois un Moniteur de canyoning avec ses clients qui me font signe, je vais donc à sa rencontre. Je lui explique mon trip et il prend la parole pour me demander mon expérience en canoë qui ne pèse pas lourd… Il me dit que c’est un des rares moniteur qui exploite les gorges en canyon en canoë avec le débit actuel qui est trop important. C’est pour cela qu’il est dans cette partie calme, il me sera impossible de passer les deux prochains rapides dont la Fameuse Machine à laver. Il est très pédagogue et m’explique le pourquoi du comment et me dit que le risque est vraiment trop important ; c’est la roulette russe, je ne maitriserais pas mon destin. Il m’indique la seule sortie de ces 8 kilomètres de gorge et me dit : tu vas en baver pour sortir mais tu seras vivant. Je prends à regret la décision de sortir sur ces conseils.

 

Effectivement j’en chie pour rejoindre la route en haut des Gorges en plein village. Une fois arrivé en haut, j’ai environs 4 kilomètres de marche à faire avec le canoë sur le dos, le long des gorges sans trottoir et avec un monde fou qui passent en voiture à côtés. Je vous laisse imaginer comment les gens me regardent, je suis un extraterrestre au milieu de la route. Ils sont obligés d’attendre pour me dépasser tellement je prends de la place. Mon système de portage me tranche les épaules, je n’en peux plus mais il faut tenir bon. J’arrive à voir par moment les rapides en contrebas et je comprends pourquoi ce Moniteur voulais que je sorte, j’ai bien fait. Arrivé au niveau de la GROTTE des Demoisssele, Il y a des moniteurs d’escalade avec des clients. Evidement ils m’interpellent et une fois de plus je raconte mon histoire, ils sont à fond : trop bien je rêverais de faire ça, blabla… Ils me disent que je peux descendre un peu plus loin pour faire le dernier rapide avant le pont du diable. Super, je me lance alors. Je suis complètement Hs. Cette descente dans la falaise est un sacré merdier et je vais mettre plus d’une heure à descendre tout en me faisant mal mais tant pis.

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L’Hérault est un fleuve côtier du sud de la France situé dans la région d’Occitanie, il prend sa source au mont Aigoual puis traverses les départements du Gard et de l'Hérault, pour finir sa course dans la Mer Méditerranée après un parcours de 148km.

J’ai souhaité faire cette expédition en solitaire pour vivre une aventure exceptionnelle, et travailler mon mental, j’ai déjà fait plusieurs fois des descentes en canoë sur l’Ardèche et le Gardon. Pour se faire je vais utiliser un canoë insubmersible de 21 kg à vide, une pagaie en carbone, un tonneau étanche et un sac étanche pour mettre tout le matériel nécessaire : (hamac, duvet light, popotte, réchaud lyophilisé…). 

Jour 3 : Gignac – Agde mer méditerranée

 

Le lendemain, le dernier jour, les courbatures sont bien au rendez-vous. Au programme, 59km d’eau plate avec 14 barrages à passer. Je prends un bon gros café, déjeune un lyophilisé pour avoir de l’énergie et c’est reparti. Je décolle à 4 h du matin pour être sûr d’arriver à la mer avant la nuit.

Le premier barrage arrive rapidement et me pose déjà des problèmes de portage. Je sais que ça va être long et que les barrages vont me ralentir. Certains seront franchissables en navigation, mais très peu au final. Le cours d’eau s’élargie, c’est sauvage mais de plus en plus sale avec beaucoup plus de plastique et différentes ordures dans l’eau. J’arrive sur une zone très monotone et je vais devoir envoyer du gros. J’apprends par mon frère que des potes à lui sont à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, j’en profiterais pour passer leur dire bonjour. J’ai un bon rythme et je m’hydrate bien, car malgré le vent le soleil me brule le visage. Je commence à avoir des inflammations au poignée à force de pagayer pour faire avancer mon canoé qui est beaucoup trop lourd pour faire autant de kilomètre.  Malheureusement, je ne pouvais pas me faire livrer un kayak Carbonne pour le troisième jour ce qui m’aurait grandement facilité la tâche. C’est pas grave on le fait au mental. Encore un barrage, sur certain je suis obligé de passer par la passe à poisson ce qui fait perdre du temps mais c’est plutôt marrant. Plus je m’approche de la mer plus l’eau et la faune et la flore sont changeante avec des roseaux, taureaux, ragondin, des mulets un peu partout qui remonte la rivière, l’air ambiant commence à sentir le sel, l’air marin.

Je retrouve les copains qui sont venus pêcher quelques jours à la carpe, on papote, ils m’accueillent dans leur bivouac en me donnant de l’eau douce, une tartine de pâté, etc. Le confort d’une bonne pose fait vraiment beaucoup de bien. Je reprends la descente de mes 20 derniers Km et j’ai l’impression de remonter le fleuve, finalement j’arrive à la jonction avec le Canal du Midi puis à l’entrée d’Agde. Le côté sauvage disparaît mais je sais que c’est la fin. Les quatre derniers kilomètres sont vraiment difficiles à cause du contre-courant qui est tellement fort que si j’arrête de pagayer je repars en arrière. Plus je me rapproche de l’embouchure, plus il y a de vague. Ça semble durée une éternité mais j’y met toute mon énergie. La mer apparaît enfin en toile de fond, c’est superbe. Je décide de rejoindre la plage en passant par la mer via le chenal. La tramontane est très forte, il y a des vagues plus hautes que moi, ce n’est vraiment pas simple mais je suis joyeux de finir ces derniers 400 m !

Et ça y est, enfin arrivé à la mer ce qui marque la fin officielle de cette expédition.  

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